Lorsque j'étais au lycée, une amie à moi, fan de Marilyn Manson, m'a prêté un jour plusieurs CD afin que je puisse les graver. Parmi lesdits disques, Not Another Teen Movie, où j'écoutais pour la première fois « Tainted Love ». Ma culture musicale de l'époque n'étant pas ce qu'elle est aujourd'hui, et ayant eu un accès limité à Internet, je n'ai su que plus tard qu'il s'agissait d'une reprise de Soft Cell qui l'avaient eux-mêmes reprise du répertoire d'Ed Cobb, des Four Preps. En outre, je considérais la radio comme commerciale et restait dans mon cercle de l'ignorance pendant quelque temps.
J'étais dans une période sombre de ma vie, du moins, autant que peut l'être celle d'une adolescente mal dans sa peau. Je m'habillais en noir, je me maquillais en noir, je me peignais les ongles en noir... tout ça pour le plus grand bonheur de mes parents, bien entendu. Lorsque j'ai écouté « Tainted Love », j'en suis tombée littéralement amoureuse. Je m'identifiais au protagoniste, car sortais d'une histoire d'amour certes courte, mais douloureuse, et encore aujourd'hui, les paroles sont toujours d'actualité.
Après cette période obscure passée et oublié Marilyn Manson (j'ai tout de même lu sa biographie), j'ai commencé à écouter la radio de ma ville, une petite radio qui passait des artistes comme Eurythmics, Gun's & Roses, Garbage... il y en avait pour tous les goûts. Un jour, au gré de la musique, j'entends Soft Cell interpréter « Tainted Love ».
L'originale de « Tainted Love », écrite et produite par Ed Cobb et interprétée par Gloria Jones, n'a pas connu le succès qu'elle méritait, destin cruel bien malheureusement trop souvent répété dans l'industrie musicale. Sortie en 1965 sur le côté B du single My Bad Boy's Coming Home de Gloria Jones, qui a été un véritable flop commercial, la chanson n'a pas réussi à rentrer dans les classements, que ce soit aux États-Unis ou au Royaume-Uni. En 1973, Richard Searling, un DJ britannique, achète une copie du single lors d'un voyage aux États-Unis et commence à rendre célèbre la chanson. Son tempo rapide, ses chœurs féminins et le rythme de guitare électrique typiques des influences de Motown, enchantent la vague Northern Soul de l'époque. Surnommée la Reine du Northern Soul, Jones réenregistre le single en 1976, et connaît un nouveau flop.
En 1981, le duo de synthpop Soft Cell, composé de Marc Almond et de David Ball, découvre la chanson. À cette époque, ils ont signé chez le label Some Bizarre, supporté par Phonogram Records. L'une de leurs musiques, « The Girl With the Patent Leather Face apparaît même sur le Some Bizarre Album, tout comme celles de groupes encore inconnus, comme Depeche Mode, The The ou encore Blancmange. Bien que leurs premiers singles (« Memorabilia » et « A Man Can Get Lost ») soient produits par Daniel Miller, qui a fondé Mute Records, ils ne connaissent pas de grand succès. Phonogram Records les autorise donc à enregistrer un autre single, dans l'espoir d'obtenir une bonne place aux classements. Le groupe opte alors pour « Tainted Love ». Leur version diffère radicalement de celle de Jones : les synthés et les boîtes à rythmes remplacent les instruments originaux. La musique est quant à elle beaucoup plus sombre, tout comme la voix de Marc Almond. La chanson atteint rapidement le n°1 au classement des singles au Royaume-Uni et réussit également à rentrer au classement Billboard aux États-Unis. Bien plus tard, en 2001, c'est Marilyn Manson qui fera sa propre version de «Tainted Love » basée sur celle de Soft Cell.
En 2014, la version de Gloria Jones fut classée à la 305e place du classement de NME des « 500 meilleures chansons de tous les temps ». Elle figure également dans la compilation A complete introduction to Northern Soul, « Tainted Love » y est entourée de chansons de grands artistes, comme Marvin Gaye ou encore Stevie Wonder.
V.
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