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The Black Madonna : des raves au dancefloor

Lorsque j'étais métalleuse, je ne m'intéressais pas aux autres styles de musique. Et c'est peu dire. Tout ce qui ne comportait pas de guitare électrique gonflée à bloc avec des solos à la Yngwie Malmsteen n'était pas digne d'être écouté. Alors autant dire que ma culture musicale était très limitée. Mon petit-ami, au contraire, fait partie des ces personnes qui connaissent à peu près tout de la musique, et a des goûts pouvant aller de l'éclectique au bizarre. Forcément, il a déteint sur moi, et j'ai commencé moi aussi, petit à petit, à parler de groupes inconnus au bataillon à mes amis ébahis. Alors, qu'elle ne fut pas ma joie lorsque, lors d'une session de The Black Madonna au Dude Club à Milan, en 2015 (oui, j'ai bonne mémoire quand je le veux bien), j'ai reconnu avant lui Moments in Love de Art of Noise (et par la même occasion, Moskow Disco de Télex) !
Tout ceci pour en venir au fait que cette même année, j'ai décidé d'élire la Black Madonna comme mon DJ coup de cœur. Si j'avais été le jury d'une quelconque émission consacrée à la musique électronique, nulle doute qu'elle aurait fini sur le podium. Elle sera au Mondo, à Madrid, le 14 décembre prochain. Et hors de question que je la rate.
Black Madonna, de son vrai nom Marea, est plongée dans l'univers de la musique dès son plus jeune âge : son père est musicien de blues et sa mère et son beau-père sont de véritables collectionneurs de disques. À 14 ans qu'elle découvre la musique électronique, lors de sa première rave. Deux ans plus tard, elle commence à parcourir son pays pour vendre ses mixtapes lors de raves. Elle s'entraînera à l'art du deejaying lors de ces fêtes et par la suite, à la radio de son université. Un jour, alors qu'elle entend un mixe appelé "I Need Another Plan", elle prend un post-it où elle note les choses qu'elle souhaite faire : voyager en Europe, sortir des disques sous ses labels préférés.
À la fin de ses études, Radoslaw 'Radek' Hawryszczuk lui propose une place pour son tout nouveau label, Dust Traxx. Marea déménage alors à Chicago, où elle participe activement à la vie nocturne de la ville, sous le nom de Lady Foursquare. Elle finira par trouver son propre son et par lancer le projet de Black Madonna, au nom peu anodin faisant référence à l'iconographie religieuse. Pendant ces années, elle se heurtera à de nombreuses difficultés, à tel point qu'elle est sur le point d'abandonner sa carrière. Mais en 2012, le célèbre Smart Bar de Chicago la choisit en tant que toute première femme DJ résidente.
Sa carrière connaît alors un élan incroyable alors qu'elle sort son thème "We Don't Need No Music (Thank You Rahaan)" et son EP Lady Of Sorrows en 2013. Élue DJ de l'année par Mixmag en 2016, elle est même choisie comme curateur du festival des Nuits Sonores de Lyon, où elle fera venir ses plus grandes influences, comme Rahaan, la DJ transgenre Honey Dijon, Derrick Carter, Jamie 3:26 ou encore Mark Ernestus, Throwing Shade, ESG et Peggy Gou. Sa musique, tout comme elle, ne pourra jamais être considérée comme ennuyante : elle mélange la new-wave, l'acid, la disco, la techno ou la house sans problème, pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Véritable voix féministe, elle n'a jamais peur de parler des problèmes que rencontrent les femmes dans l'industrie musicale, et dans les autres industries. En 2016, elle contribue également à la création d'une liste de 20 femmes (ici) qui ont aussi fait de la musique dance et de la culture club ce qu'elles sont aujourd'hui. Parmi ces femmes figurent des artistes comme Delia Derbyshire, Wendy Carlos ou encore Donna Summer, Ellen Allien et Nina Kravitz.

V.






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